
Maroc 2020
Sortie du 9 mars au 15 avril 2020
Nous sommes partis sous un ciel de plomb, les nuages agglutinés ne laissant passer que le vent furieux, pour arriver à TARIFA notre lieu de rendez-vous, où nous est servi un apéritif de bienvenue après notre première réunion sur le circuit avec Dani et Jean-Luc, nos guides ORCADA. Départ à l’aube le lendemain pour TAFIRA, ville proche d’ALGESIRAS, lieu d'embarquement, lever 4h15 en ce mardi 10 mars. Problème à l’embarcadère, nous ne partons plus à 8h mais à 15h, proposition est faite de changer de port de partance, donc d'arrivée. Ce sera CEUTA et non TANGER. La traversée, après un embarquement laborieux, s'effectue sur une mer d'huile. Le camping est en vue à 19h, l’ensemble des personnes râlent, qualifiant la journée de "Galère" car les prévisions n'ont pas été respectées. Il est vrai que nous avons mis près de trois heures pour passer la frontière ; mais nous arrivons à MOULAY-BOUSSELHAM, dans un camping sommaire (au point de vue électrique) ; mais où on nous a servi un couscous mémorable d’une qualité exquise, qui a suivi une soupe typique et excellente l’HARIA. Mercredi matin, je surprends le lever du soleil en me promenant le long de la lagune, l'astre merveilleux se réveille au-dessus de l'eau, j'en profite pour faire quelques photos. Nous nous dirigeons vers les souks d’EL ARBA, petit bourg très typique. Dans ce marché coloré, nous nous essayons à nos premiers marchandages au Maroc, nous achetons surtout des fruits, dattes, figues, oranges, et condiments… La ville est sur le chemin de migration des cigognes ; à perte de vue des étendues de serres sur plusieurs kilomètres bordent la route, tomates, fraises, framboises y poussent à côté des champs de cannes à sucre.Les paysans recouvrent ,au gré de leurs fortunes les ânes ou les charrettes tirées par les chevaux , de luzerne pour les vaches. RABAT nous accueille avec sa ville fortifiée, nous visitons la kasba avec ses maisons bicolores, blanches et bleues. On voit que le bleu n'est pas le fruit du hasard, mais a pour fonction d'éloigner les moustiques. Puis visite du Mausolée de Mohamed V, grand-père du roi actuel Mohamed VI. MOHAMMEDIA nous accueille au camping Océan bleu où eau et électricité sont au rendez-vous. CASABLANCA, la circulation y est intense, embouteillage fréquent, incompatible avec la taille des camping-cars, nous empruntons un petit bus pour se rendre à la mosquée. Le monument est imposant, grandiose, noyé dans une brume de mer qui monte de l'océan, elle fraîchit le fond de l'air, malgré la pureté du ciel vierge de tout nuage, couleur bleu Klein. A l'image du bâtiment, les chiffres annoncés donnent le vertige. La construction a duré six ans de 1986 à 1993, pour un coût d'un milliard de dollars. Elle peut accueillir 25 000 fidèles à l'intérieur et 105 000 à l’extérieur. Elle est la deuxième après la Mecque. Hassan II a souhaité qu'elle soit un lieu de paix universel et de réconciliation. L'architecture s'inspire des synagogues, des églises catholiques et musulmanes La technologie de pointe y est omniprésente, luxes inoxydables, toit ouvrant qui se ferme automatiquement en fonction des variations du temps, portes imposantes en titane. La proximité de la mer a imposé des contraintes supplémentaires pour éviter toute corrosion. Après-midi halte à EL JADIDA, ville fortifiée par les Portugais au 16eme siècles, ils en repartiront en 1760 pour s’installer au Brésil. Ils ont construit à l’époque une magnifique réserve d’eau d’une très grande capacité, capable d’alimenter toute la ville. Nous faisons de très belles photos de ce lieu. Les Marocains dans une grande majorité sont souriants, accueillants. Les abords des villes et villages sont couverts de sacs plastique de détritus qui jonchent le sol ce qui ne gêne en rien les troupeaux de moutons et de chèvres. Le soir, nous bivouaquons à OUALIDA, un repas de poissons nous y attend. Le gardien du parking a sa femme qui fait des gâteaux et des tajines, il prend les commandes, les affaires marchent bien. On reprend la route vers ESSAOUIRA, en chemin nous faisons un arrêt à SAFI, ville des potiers. Les souks des petites villes sont peu fréquentés par les touristes. La médina, vieille ville entourée de murailles, nous invite dans ses entrelacs de ruelles tortueuses qui s’entrecroisent, recoins improbables constituent un labyrinthe. Flâner dans ce dédale nous ouvre la porte d’un autre monde, qui semble immuable. Il est aisé avec un peu d’imagination, de se télé transporter dans les siècles passés. Les effluves d’essences subtiles, d’épices et ingrédients de toutes sortes, viennent flatter nos sens et enchanter nos papilles. A quelques pas, au détour d’une ruelle, nous sommes agressés par des odeurs désagréables non définies qui sont de véritables repoussoirs. L’art, la finesse, l’élégance de l’artisanat sont les dernières traces d’un passé glorieux. La campagne et les abords des villes s’opposent au luxe de la mosquée et de certaines demeures. Pauvreté et gourbis sont légions. A la campagne les chevaux efflanqués tirent des charrettes surchargées, les ânes en plus du chargement portent le(la) paysan (e), assis(e) en amazone. Dans cette région le paysage est montagneux et sec. Le camping décrit comme une structure avec piscine et sanitaires corrects propose trois douches qui fonctionnent pour tout le terrain. Cela devrait nous faire prendre conscience de notre situation de privilégiés face aux problèmes d’eau que rencontrent certains pays. ESSAOUIRA est avant tout une ville très touristique. Dotée comme beaucoup de villes du Maroc de fortifications importantes, elle m’a séduite par le style varié et original des portes des demeures, je me suis amusé à les photographier. Le port fait face à la médina. Coloré et bruyant, il grouille de monde à l’arrivée des bateaux de pêche. Les fragrances de poissons se mêlant au soleil et aux embruns de la mer, nous inciteraient à accélérer le pas si nous n'étions accaparés par ce spectacle. Certains vendeurs arrosent fréquemment les poissons pour qu’ils gardent l’aspect de fraîcheur… Que dire de la chaîne du froid pour les espadons, les soles, limandes… qui couvrent les étals. Malgré une petite brise qui vient de la mer, le soleil n’oublie pas de briller, il mord notre peau, morsure bien plaisante. Nous détournons les yeux d’ESSAOUIRA, pour se rendre à MARRAKECH. Nous visitons à quelques encablures d’ESSAOUIRA une coopérative qui transforme les amandes de l’Arganier pour donner une pâte huileuse. L’Argan ressemble à une noisette une fois extraite de sa coque. Avec une pierre, les femmes cassent la coquille pour en retirer une graine, blanche effilée qui ressemble à la graine de citrouille. Écrasée dans une meule à main, elle produit une pâte grasse qui est malaxée longuement à la main. Traitée elle donnera de l’huile cosmétique, mais on le sait moins, à des produits alimentaires. Visite intéressante est instructive. MARRAKECH Nous traversons la ville de l’ouest à l’est, fatigués de la route, nous sommes plus attentionnés à la recherche de notre camping qu’à la contemplation de la ville. Nous traversons de grandes artères, demain sera un autre jour, où nous aurons tout loisir pour la visiter (on le croyait), Lundi matin 16 mars, le rendez-vous est prévu pour 9 heures. Des petits bus nous attendent pour aller visiter la ville, les jardins d’Yves St Laurent, mosquées, places, monuments…. Dix minutes avant de partir, on nous annonce la fin du voyage. Déconnectés de l’ampleur réelle de la pandémie, nous pensons à une mauvaise blague. Il n’en est rien. Le roi Mohamed VI a décidé de fermer les frontières de son pays, pour protéger sa population au regard des faibles structures hospitalières. Récit du retour Lundi 16, à neuf heures, on nous a intimé l'ordre de quitter le pays. Nous sommes à MARRAKECH, les bagages bouclés, L’objectif est de regagner la frontière pour ne pas être coincés en quarantaine ni au Maroc, ni en Espagne. Mardi à 11h nous sommes à proximité de la frontière, ordres et contre- ordres se succèdent pour passer la frontière, il n’y aurait plus de bateau pour traverser. Pendant de nombreuses heures, stationnés sur le parking du port, il nous est asséné des messages ininterrompus pour être vigilant par rapport à la pandémie. Les hauts parleurs crachent le message à tue- tête, ce qui est épuisant et anxiogène. Finalement nous étions à ALGESIRAS en Espagne à 21 heures. Le mercredi, il nous a fallu traverser l'Espagne en une seule fois, car courait le bruit que les frontières fermaient à 22 heures. Nous franchissons la frontière Espagnole vers 21 h. Jeudi matin direction LA VENDEE, Voilà, un beau voyage tumultueux, mais trop court. Nous avons pu apprécier la chaleur douce avec un peu d'avance, nous y retournerons sûrement l’année prochaine.